D'après le poète, les autorités religieuses le harcelaient littéralement depuis qu'il avait représenté le pays à la Biennale de Venise, en 2013, et une première arrestation en 2014 avait rapidement mené à un verdict à l'emporte-pièce : Fayad recevrait 400 coups de fouet et passerait 4 années en prison reconnu coupable d'apostasie, renonciation publique de sa foi. Après un premier appel, la sentence s'était changée en condamnation à mort. L'avocat du poète a présenté ce verdict comme l'aboutissement d'un procès inéquitable : Fayad n'avait pas pu se défendre des accusations portées à son encontre. Abdulrahman al-Lahem, avocat du poète, s'est réjoui de la révision de la peine par le tribunal, qui l'a fixé à 8 années de prison et 800 coups de fouet, qui seront assénés au cours de 16 sessions. Le poète doit également renier son texte à la télévision nationale. L'avocat, qui a posté le verdict sur Twitter, a confirmé que son client souhaitait de nouveau faire appel, et qu'ils visaient cette fois une libération sous caution. La libération du réfugié palestinien, âgé de 35 ans, est d'autant plus urgente que Fayad souffre de problèmes de santé mentale qui nécessitent un important suivi. Il est détenu depuis deux ans au sein de la prison d'Abha, au sud-ouest du royaume. L'emprisonnement et l'annonce de la condamnation à mort de Fayad ont eu des conséquences tragiques : en apprenant que son fils pourrait être décapité, le père du poète a lui-même été victime d'une attaque cardiaque fatale.
La mobilisation internationale se poursuit
Au mois de novembre 2015, le PEN International menait le front de résistance pour réclamer la libération d'Ashraf Fayad : une lettre ouverte avait été publiée à l'attention des tribunaux saoudiens, et signée par Carol Ann Duffy, Paul Muldoon, Adonis et d'autres poètes du monde entier.
« Pour être honnête, je suis étonné parce que je me sentais seul ici. Je suis en bonne santé. Je tente de suivre tous les développements. Les gens devraient savoir que je ne suis pas opposé à quiconque ici : je suis un artiste et je recherche ma liberté » témoignait pour sa part Ashraf Fayad, depuis la prison.
Une pétition est toujours en ligne pour apporter son soutien. Elle cumule aujourd'hui 273.270 soutiens.
Ashraf et les poètes