Cinq fausses informations qui ont profité à Bolsonaro
Elu cette nuit avec 55% des voix, il prendra ses fonctions début janvier.
par Almudena Barragán
Dans la dernière ligne droite de la campagne électorale au Brésil, les canulars contre les adversaires de l’extrême droite se sont multipliés dans les réseaux sociaux.
Le candidat d’extrême droite Jair Bolsonaro est profilé comme le vainqueur des prochaines élections au Brésil, selon les derniers sondages qui lui donnent une intention de vote supérieure à 50% au second tour.
Derrière lui, une machine de propagande électorale bien huilée travaille dur pour diffuser des informations fabriquées contre son principal adversaire, Fernando Haddad, candidat du Parti Travailliste (PT) et héritier politique de Luiz Inácio Lula da Silva, rapporte El País.
Au fil du temps, les canulars sur les réseaux sociaux en faveur de Bolsonaro se sont multipliés, notamment à travers Whatsapp, comme le souligne Tai Nalon, directrice de la plateforme de vérification des faits Aos Fatos. Ce groupe de sept journalistes, répartis entre Sao Paulo et Rio de Janeiro, vérifie quotidiennement les discours des politiciens et les réseaux sociaux. Ils examinent les mémos, les brochures, les vidéos et tout contenu potentiellement faux.
« Nous avons assisté à une désinformation croissante contre les adversaires de Bolsonaro, en général, autour de deux questions : la remise en question, avec les théories du complot, de la sécurité du vote électronique au Brésil, et une relation constante des autres candidats avec les directives des minorités, telles que le plan LGBT et le droit à l’avortement« , a déclaré Nalon dans un message.
Six Brésiliens sur dix ont Whatsapp sur leur téléphone portable, 120 millions de personnes potentilles.
« Il n’est pas possible d’atteindre autant de personnes que Bolsonaro ne l’a fait sans une structure solide, avec un important financement derrière« , a-t-elle ajouté.
Un filon à travers lequel diffuser de fausses informations dans des groupes fermés et générer le chaos parmi les électeurs et l’opinion publique.
Voici quelques-unes des fausses informations les plus répandues à travers les réseaux sociaux en faveur de Bolsonaro, sélectionnés par la directrice d’Aos Fatos :

« Si vous défendez les enfants, ne votez pas pour lui. Haddad est le créateur du kit gay pour les enfants de 6 ans ». Facebook
En réalité, c’est un projet appelé Escuela sin homofobia (École sans homophobie) qui a été promu par le ministère de l’Éducation – sous la direction de Fernando Haddad – en 2011, par des organisations civiles. Le programme appel]é par ses détracteurs « kit gay » qui n’a jamais vu le jour dans les écoles publiques, visait à former les enseignants aux droits LGBT, à la lutte contre la violence, aux préjugés et au respect de la diversité chez les jeunes et les adolescents. Ne jamais « sexualiser les enfants » et « enseigner l’idéologie de genre dans les écoles brésiliennes », comme l’a dit Bolsonaro dans une interview dans laquelle il a montré un exemplaire du livre « Le Guide du zizi sexuel« , d’Hélène Bruller et Philippe Chapuis, qui a été distribué par le gouvernement dans certaines bibliothèques mais qui ne faisait pas partie du programme et n’a pas été distribué dans les écoles. Dilma Rousseff a opposé son veto au programme d’école sans homophobie sous la pression du banc évangélique au Parlement.
Le Tribunal Supérieur Electoral a ordonné ce mardi de supprimer de l’Internet les vidéos de Bolsonaro qui parlent de la diffusion de ce livre car « elles génèrent de la désinformation et nuisent au débat politique« . L’image ci-dessus était partagée par 63 000 personnes au moment de la capture.
Après avoir été attaqué par un fanatique en septembre dernier, des chaînes de messages ont commencé à circuler sur Facebook et Whatsapp, affirmant qu’Adélio Bispo de Oliveira, l’agresseur de Bolsonaro, était lié au PT. Ces informations ont été reprises par plusieurs portails d’information qui ont contribué à faire passer le mot. Selon Aos Fatos, aucune personne portant ce nom ne figure parmi les affiliés du PT dans le registre officiel du Tribunal Électoral Supérieur.

Montage dans lequel le visage de l’agresseur de Bolsonaro, Adélio Bispo, peut être vu à côté de Lula en 2017
Une autre fausse information répandue dans les réseaux sociaux a été le montage du visage de l’agresseur sur une photo dans laquelle Lula apparaît à Curitiba en 2017. En réalité, l’image de Bispo de Oliveira a été prise le jour de l’arrestation de Lula.
Enfin, une tentative a été faite pour relier l’agresseur de Bolsonaro au PT en le liant à la candidate à la vice-présidence Manuela D’Avila. Une page pro-Bolsonaro a publié que Bispo de Oliveira avait téléphoné à D’Ávila plusieurs fois.
« Cette dame a été attaquée par des pétistes dans la rue quand elle a crié Bolsonaro« , peut-on lire sur une publication qui a circulé la semaine dernière dans les réseaux. En fait, il s’agit d’une image de l’actrice décédée Beatriz Segall, en 2013, lorsqu’elle a fait une chute dans la rue. Le Tribunal Électoral a ordonné son retrait cette semaine.
L’environnement d’extrême droite faisait écho à l’idéologue d’extrême droite Olavo Carvalho, dans lequel il souligne que Haddad avait promu l’inceste dans son œuvre In Defence of Socialism. Bien que la publication ait déjà été retirée, de fausses informations ont continué à circuler dans les réseaux. De plus, à côté de la couverture du livre d’Haddad apparaît la photo de deux pages d’un autre livre où l’on peut lire le Décalogue de Lénine. Les pages photographiées ne correspondent pas au contenu du livre d’Haddad.
Faux. Dans plusieurs chaînes de réseaux sociaux circule l’image d’une fille à la bouche couverte par la main d’un homme qui dit :
« Un projet de loi fait de la pédophilie un acte légal. Les rapports sexuels avec des enfants de plus de 12 ans ne seraient plus considérés comme un crime« .
La photo montre le logo de la campagne de Fernando Haddad. En fait, la publication fait référence au projet de loi 236/212 du Sénat, qui est actuellement au point mort et qui propose une réduction possible de l’âge, de 14 à 12 ans, pour que toute relation sexuelle soit considérée comme un « viol qualifié » (pour que le consentement de la victime ne libère pas le délinquant de son accusation). C’est un débat récurrent au Brésil depuis des années. Et bien qu’il s’agisse d’une question très controversée, elle ne mentionne à aucun moment la légalisation sur la pédophilie, de la même manière que Fernando Haddad n’a jamais non plus été lié à son traitement, n’ayant jamais occupé de poste législatif. Le projet de réforme du Code Pénal brésilien a été présenté par le politicien de centre droit José Sarney du PMDB-AP, et non par le Parti Travailliste.
D’autre part, des initiatives journalistiques comme Aos Fatos, combattent les fausses informations pour donner aux citoyens des informations réelles avec lesquelles ils pourront décider librement le 28 octobre prochain.
« La désinformation ne sert qu’à renforcer les croyances et les valeurs. Il n’est possible d’influencer que les personnes qui ont des préjugés sur certaines questions« , conclut Tai Nalon.
Source : Cinco ‘fake news’ que han beneficiado a Bolsonaro como favorito en Brasil
traduit par Pascal, revu par Martha pour Réseau International