Les forces de l'ordre ont également dû utiliser de nombreuses bombes lacrymogènes. Certains de ces projectiles ont atterri dans l'EHPAD des Lataniers, situé à deux pas du lieu des affrontements. La maison de retraite a même dû être évacuée en urgence en plein milieu de la nuit car de nombreux gramounes ont été incommodés par la fumée.
Mais l'EHPAD n'a pas été le seul endroit touché par les bombes lacrymogènes, lancées par les forces de l'ordre ce soir-là. Un habitant de la Possession fait partie des autres victimes "collatérales". Judicaël Pausé réside dans une maison, juste en face de la scène de violences, dans une ruelle à côté de la maison de retraite.
Mais à un moment donné, il a vu de la fumée entrer dans sa maison et ses enfants qui commençaient à tousser. Il est alors sorti pour voir ce qu'il se passait et résultat: une bombe lacrymogène avait atterri dans son jardin. Il s'est alors approché, en avançant dans son "allée privée", nous précise-t-il, pour comprendre d'où cela venait. Sans avoir le temps de comprendre ni de voir qui que ce soit, Judicaël Pausé a reçu un nouveau projectile. Mais cette fois-ci, il s'agissait d'une grenade assourdissante.
Tout le voisinage a eu le temps de courir pour se mettre à l'abri avant l'arrivée de la grenade, sauf Judicaël Pausé, qui se l'est prise en plein dans la jambe. Un de ses voisins lui est venu en aide et lui a apporté les gestes de premiers secours. Il a ensuite appelé les pompiers mais qui, suite aux événements, n'ont pas pu se déplacer en urgence. Ils ont ainsi dû se rendre à la caserne de la Possession, où les pompiers l'ont transféré à l'hôpital Gabriel Martin de Saint-Paul. Il nous confie qu'il était "le cinquième blessé reçu à l'hôpital ce soir-là". Il a préféré rentrer chez lui le soir même et poursuivre ses soins à domicile, pour être au près de ses enfants, déjà très inquiets.
"Je pense que la première grenade lacrymogène était une erreur et n'aurait pas dû atterrir dans des habitations, mais la deuxième aurait pu et aurait dû être évitée", souligne-t-il.
Le résultat est accablant. Sa jambe, entièrement projetée vers l'arrière, a reçu deux impacts au niveau du tibia, de plus de 5 cm de diamètre. Certains endroits n'ont pas pu être entièrement recousus car la chair avait laissé place aux os. "Les médecins m'ont dit qu'il fallait attendre pour voir, car on ne sait pas quel type de séquelles cela peut entraîner, c'est une grenade mortelle", explique-t-il.
Toujours selon lui, une trentaine de ces grenades assourdissantes auraient été lancées ce soir-là. Judicaël Pausé précise qu'il compte porter plainte une fois qu'il pourra se déplacer car il "risque de garder de graves séquelles ou de devenir handicapé", nous confie-t-il.