L'appendice augmenterait le risque de développement de Parkinson
Une étude épidémiologique à grande échelle a suggéré que les personnes dont l’appendice a été enlevé (appendicectomie) à un stade précoce de leur vie pourraient présenter un risque réduit de développer la maladie de Parkinson. Cette recherche a révélé que l’appendice peut contenir un volume important de protéines toxiques qui contribuent à la progression de la maladie de Parkinson, ajoutant du poids à l’hypothèse que cette maladie neurodégénérative dévastatrice peut provenir de l’extérieur du cerveau.
L’étude a utilisé un énorme ensemble de données de près de 1,7 million de personnes, dont plus de 500 000 ont subi une appendicectomie à un moment donné de leur vie. Dans l’ensemble, les résultats ont montré que les sujets n’ayant pas d’appendice étaient moins susceptibles de développer la maladie de Parkinson de plus de 19 % et que s’ils développaient finalement la maladie, leur diagnostic était en moyenne 3,6 ans plus tard que les sujets ayant un appendice.
Il est intéressant de noter que cet effet a été perçu comme étant encore plus puissant chez les personnes vivant en milieu rural, qui présentaient un risque réduit de 25 % de développer la maladie de Parkinson après une appendicectomie. On sait que la maladie de Parkinson est plus fréquente dans les régions rurales, ce qui ajoute du poids à l’hypothèse qu’il existe un déclencheur environnemental inconnu à la maladie qui est plus répandu dans les milieux non urbains.
Ce qui rend cette recherche un peu plus importante que l’étude observationnelle habituelle, c’est le travail de suivi effectué par les scientifiques, qui explore une raison causale potentielle pour laquelle un appendice peut contribuer au risque accru de la maladie de Parkinson.
La principale caractéristique pathologique de cette maladie est la mort cellulaire progressive des neurones du cerveau sécréteurs de dopamine. De récentes recherches ont révélé la présence d’agrégats protéiques toxiques, appelés corps de Lewy, qui pourraient être à l’origine de la neurodégénérescence associée à cette maladie. Les corps de Lewy sont des agrégats sphériques de la protéine alpha-synucléine.
La deuxième partie de cette nouvelle étude a consisté à examiner les tissus de l’appendice de 48 personnes en bonne santé de différents âges, toutes sans maladie de Parkinson. Tous ces échantillons ont révélé la présence d’alpha-synucléine dans l’appendice, quel que soit l’âge des sujets. La forme de l’alpha-synucléine présente dans les tissus de l’appendice était remarquablement similaire à celle observée dans le cerveau des patients atteints de la maladie de Parkinson.
Selon Viviane Labrie, auteure principale de cette nouvelle étude :
Nous avons été surpris de constater que les formes pathogènes de l’alpha-synucléine étaient si répandues dans les appendices des personnes atteintes ou non de la maladie de Parkinson. Il semble que ces agrégats, bien que toxiques lorsqu’ils sont dans le cerveau, sont tout à fait normaux lorsqu’ils sont dans l’appendice. Cela suggère clairement que leur seule présence ne peut pas être la cause de la maladie.
Bien sûr, cette recherche soulève un nombre extraordinaire de questions qui, à ce stade, ne peuvent être facilement expliquées. Les scientifiques notent clairement que cette réserve possible d’alpha-synucléine dans l’appendice n’est en aucun cas la seule cause de la maladie de Parkinson. En fait, le principal mystère soulevé par cette recherche porte davantage sur la façon dont cette protéine particulière pourrait s’accumuler et se propager de l’appendice au cerveau.
Selon Labrie :
La maladie de Parkinson est relativement rare, moins de 1 % de la population, il doit donc y avoir un autre mécanisme ou une autre confluence d’événements qui permet à l’appendice d’influer sur le risque de maladie de Parkinson. C’est ce que nous envisageons d’examiner ensuite ; quel(s) facteur(s) fait pencher la balance en faveur de la maladie de Parkinson ?
La recherche apporte une contribution importante aux travaux de plus en plus nombreux qui soulignent l’importance du lien entre l’intestin et le cerveau. Personne ne suggère que nous devrions tous nous faire enlever l’appendice pour réduire le risque de maladie de Parkinson, mais cette recherche oriente les scientifiques vers de nouveaux moyens qui pourraient nous aider à combattre une variété de maladies neurodégénératives.
Il est à noter que l’appendice apparait de plus en plus comme utile, permettant notamment de protéger nos bactéries intestinales bénéfiques lorsque survient une grave infection.
L’étude a été publiée dans la revue Science Translational Medicine : The vermiform appendix impacts the risk of developing Parkinson’s disease et présentée sur le site de l’Institut Van Andel : Appendix identified as a potential starting point for Parkinson’s disease.