Il aura siégé plus de trois décennies dans une institution qu'il combattait de l'intérieur : Jean-Marie Le Pen quitte l'arène de Strasbourg, mais livre un dernier discours et une conférence de presse à l'intention de ses pairs.
L'ancien président du Front national (FN, devenu Rassemblement national, RN), Jean-Marie Le Pen, âgé de 90 ans, a fait ses adieux le 16 avril au Parlement européen où il a siégé plus de 33 ans. Dans son discours, il a notamment accusé ses pairs de rester «sourds et muets» face à «l'invasion» migratoire et a fustigé l'«inutilité» de l'institution.
«Députés, qui êtes restés aveugles, sourds et muets, la postérité vous maudira», a lancé l'eurodéputé en guise conclusion dans l'hémicycle, où il s'exprimait pour la dernière fois.
«Un phénomène migratoire géant [dû à la croissance démographique] menace de submerger le continent boréal dont fait partie l'Europe, qui est elle en déficit démographique», a dénoncé Jean-Marie Le Pen, qui a présidé le FN durant près de 40 ans, mais en a été exclu en 2015.
«Face à ces perspectives angoissantes, l'Europe se révèle impuissante. Pire, elle paralyse les réactions nationales qui devraient mobiliser les peuples qui la constituent», a ajouté l'eurodéputé.
Dans un point presse avant son intervention, il avait déclaré voir dans l'incendie de Notre-Dame de Paris «un signe» des «menaces qui pèsent» sur la France, saluant «un lieu de culte ancestral, participant très directement de l'identité de la France».
Le Pen compare le Parlement à un «moulin à vent»
Il a aussi comparé l'assemblée de Strasbourg à un «moulin à vent», où les eurodéputés ne charrient «que des sacs de sable au lieu des sacs de blé, pour faire illusion».
Jean-Marie Le Pen n'a pas exclu une sortie de la France de l'Union européenne (UE) «en fin de parcours, si ce n'est pas possible de [la] modifier profondément» de l'intérieur, comme l'espère désormais sa fille Marine Le Pen, présidente du RN, qui ne veut plus quitter l'UE. Malgré ce désaccord, il a prédit «un très bon score» à la liste du RN, d'autant qu'Emmanuel Macron «a fait le cadeau de présenter le combat comme étant un duel entre lui et Marine Le Pen».