En plein conflit sur les retraites, le patron français de BlackRock distingué de la Légion d'honneur
La nomination du patron de la branche française du géant américain de la finance BlackRock au rang d’officier de la Légion d'honneur était critiquée mercredi par les opposants à la réforme des retraites, qui accusent la société de vouloir l’influencer à son avantage.
Jean-François Cirelli, ancien dirigeant de GDF-SUEZ, puis d’Engie, et actuel président de la branche française de BlackRock a été nommé officier sur le contingent du Premier ministre, selon la promotion du Nouvel an de l’Ordre national de la Légion d’honneur publiée mercredi au Journal officiel.
Des critiques sur Twitter
« Jean-François Cirelli, président de BlackRock France, est promu Officier de la légion d’honneur en ce 1er janvier. En récompense du pillage de nos retraites par répartition ? » a réagi le parti communiste sur Twitter, où la nouvelle était abondamment commentée.
« BlackRock pourrait directement bénéficier de la #reformedesretraites », assurait pour sa part Maxime Combes, porte-parole de l’ONG Attac France.
Mesdames et Messieurs
— Maxime Combes (@MaximCombes) January 1, 2020
Le Premier-Ministre @EPhilippePM est très heureux de vous annoncer qu'il vient de nommer Jean-François Cirelli, président de #BlackRock France, officier de la Légion d'Honneur
Rappel : #BlackRock pourrait directement bénéficier de la #reformesdesretraites pic.twitter.com/q8y65WvkH8
Peu connu jusque-là du grand public, le nom de BlackRock a pris un écho particulier à l’occasion de la mobilisation en France contre le projet gouvernemental de réforme des retraites, jusqu’à orner désormais des pancartes brandies lors des manifestations.
Des accusations de collusion avec l’exécutif
Le puissant gestionnaire d’actifs a ainsi été accusé de faire valoir auprès de l’exécutif le régime de retraite par capitalisation, sur le modèle des fonds de pension américains, au détriment du système français actuel par répartition, ce dont il s’est défendu récemment dans un communiqué publié par sa filiale française.
« En aucune manière, nous n’avons cherché à exercer une influence sur la réforme du système de retraite par répartition en cours auprès des pouvoirs publics ou de tout autre acteur du secteur », a assuré BlackRock.
L’ancienne patronne du Medef, Laurence Parisot est aussi venue au secours de l’homme sur Twitter.
1) Blackrock ne cesse d’investir en France, c’est même un soutien solide de beaucoup d’entreprises françaises 2) Ce n’est pas à proprement parler un fonds de pension
— Laurence Parisot (@LaurenceParisot) January 1, 2020
3) Jean-Francois Cirelli a été un vrai serviteur de l’Etat, notamment au côté de J.Chirac https://t.co/3vf61XyzbG
Le gestionnaire d’actifs, implanté en France depuis plus de 13 ans, « dialogue avec les organismes de réglementation et les pouvoirs publics », « dans le but d’expliquer [son] point de vue sur l’intérêt des investisseurs à long terme », selon son communiqué.
Le quotidien L’Humanité avait de son côté publié le 11 décembre un document interne d’une quinzaine de pages attribué à BlackRock, détaillant l’intérêt de développer l’épargne-retraite par capitalisation en France en s’appuyant notamment sur la loi Pacte votée au printemps, même si le système de retraite par répartition « restera au cœur de l’épargne retraite française ».
Fondé en 1988 aux Etats-Unis, BlackRock a indiqué à l’occasion de la publication de ses derniers résultats financiers gérer un portefeuile d’actifs de quelque 7.000 milliards de dollars.