Les conséquences du Brexit : La dépendance de la pêche européenne vis-à-vis des eaux britanniques
Près d’un an après la conclusion de l’accord commercial entre l’Union européenne et le Royaume-Uni, Martin Armstrong de Statista rapporte que la question de la pêche reste une source majeure de tension entre Londres et Paris. En conflit avec son voisin britannique sur le nombre de licences de pêche accordées aux bateaux, la France a renforcé ses contrôles dans la Manche et menace le Royaume-Uni de mesures de rétorsion.
L’accord de pêche post-Brexit prévoit une période de transition jusqu’à l’été 2026, date à laquelle les pêcheurs européens devraient renoncer à 25 % de leurs prises dans les eaux britanniques, comme le rappelle L’Express. D’ici là, les pêcheurs de l’UE conserveront l’accès à certaines zones au large des côtes britanniques, mais devront démontrer aux autorités britanniques qu’ils pêchaient déjà dans ces zones pendant la période de référence 2012-2016 afin d’obtenir une licence. C’est notamment ce point qui alimente les tensions.
Comme le montre l’infographie de Statista ci-dessus, qui s’appuie sur des données rapportées par Le Télégramme, la pêche européenne est très dépendante des eaux britanniques. Non seulement le Royaume-Uni possède la plus grande zone de pêche de la côte Atlantique/Mer du Nord, avec une zone économique exclusive de 756 mille km2 – plus que celles de la France, de l’Irlande, de la Belgique, des Pays-Bas et de l’Allemagne réunies – mais les eaux qu’il couvre sont aussi, et de loin, les plus poissonneuses.
Le volume moyen de poissons capturés par les pêcheurs de l’UE dans les eaux britanniques, par exemple, était de 760 000 tonnes par an avant le Brexit (entre 2012 et 2016), alors que leurs homologues britanniques n’en capturaient que 90 000 tonnes dans les eaux de l’UE en comparaison, soit plus de huit fois moins. Ce déséquilibre des ressources halieutiques s’explique en grande partie par les cycles de reproduction naturels des poissons dans la région. Les poissons naissent et grandissent sur la côte continentale et dans le sud de la mer du Nord, avant de rejoindre, à l’âge adulte, les eaux plus froides et plus profondes du Royaume-Uni.