USA - avortement: Les femmes de retour en 1972
L’arrêt Roy v. Wade de 1973 est enterré
La Cour suprême des États-Unis vient de révoquer, ce vendredi 24 juin, le droit constitutionnel à l'avortement. Une décision historique qui laisse chaque Etat libre d'autoriser, ou non, les interruptions volontaires de grossesse.
7 Etats américains ont interdit l’avortement dès ce vendredi
Treize Etats, surtout dans le Sud et le centre plus religieux et conservateur, se sont dotés ces dernières années de lois dites « zombie » ou « gâchette » rédigées pour entrer en vigueur automatiquement en cas de changement de jurisprudence à la Cour suprême. Dans les heures qui ont suivi la publication de la décision, au moins sept Etats les ont instaurées.
Le procureur général du Missouri a annoncé vendredi que son Etat devenait le « premier » à interdire l’avortement. Ont notamment suivi l’Arkansas et l’Oklahoma, où les autorités ont appliqué immédiatement la nouvelle interdiction. Enfin, le Texas ou le Tennessee ont un délai de 30 jours entre la publication de l’arrêt et l’entrée en vigueur du nouvel interdit.
Réactions
Les réactions de dirigeants internationaux s'enchaînent. Après la décision de la Cour suprême des Etats-Unis, qui a dynamité, vendredi 24 juin, le droit constitutionnel à l'avortement dans le pays, le Premier ministre canadien Justin Trudeau a déploré sur Twitter une nouvelle "horrible". Son homologue française Elisabeth Borne a quant à elle regretté "un jour sombre pour les droits des femmes", tandis qu'Emmanuel Macron a qualifié l'avortement de "droit fondamental pour toutes les femmes" et affirmé qu'"il fa[llai]t le protéger". Le Premier ministre belge Alexander de Croo s'est dit "très inquiet", ajoutant qu'"interdire l'avortement ne conduit jamais à une baisse de leur nombre, seulement à des avortements plus dangereux". Suivez la situation et les réactions en direct.
Joe Biden déplore "une erreur tragique". "Il est très clair que la santé et la vie des femmes de cette nation sont menacées", a déclaré le président américain, qui a regretté "un triste jour pour la Cour et pour le pays" et une décision qui "fait revenir l'Amérique 150 ans en arrière". Le démocrate de 79 ans, fervent catholique, a également mis en avant la menace que représentait ce jugement pour d'autres droits, comme le droit à la contraception.
Joe Biden avait déjà promis d'agir par décret pour protéger l'accès à l'interruption volontaire de grossesse (IVG), mais sa marge de manœuvre en la matière est très mince. Il a donc appelé les électeurs à manifester "pacifiquement" et à réclamer ce droit "dans les urnes" lors des élections législatives de novembre, pour obtenir une majorité favorable à l'adoption d'une "loi fédérale" et garantir le droit à l'avortement au niveau national.
"C'est la volonté de Dieu", déclare Donald Trump. L'ex-président des Etats-Unis, qui a nommé trois des juges suprêmes ayant approuvé la suppression du droit constitutionnel à l'avortement, a déclaré sur Fox News que la décision répondait à "la volonté de Dieu". La décision "suit la Constitution", et "ramène [le choix d'autoriser l'avortement] au niveau des Etats, ce qui aurait toujours dû être le cas", a ajouté l'homme d'affaires.
Les Etats de Californie, de l'Oregon et de Washington s'engagent ensemble à défendre le droit à l'avortement. Les trois Etats progressistes de la côte ouest des Etats-Unis ont publié "un engagement pour défendre l'accès aux soins de santé reproductive, y compris l'avortement et les contraceptifs, et se sont engagés à protéger patientes et médecins contre les tentatives d'autres Etats d'exporter leur interdiction de l'avortement vers nos Etats", selon un communiqué.
Le Missouri, "premier" Etat à interdire l'avortement. Le procureur général du Missouri a annoncé que cet Etat conservateur du centre des Etats-Unis est devenu le "premier" à interdire les interruptions volontaires de grossesse dans la foulée de la décision de la Cour suprême. "C'est un jour monumental pour le caractère sacré de la vie", a déclaré Eric Schmitt. Cet Etat ne disposait plus que d'une clinique permettant une telle opération.
"Une nouvelle arène s'ouvre" selon Mike Pence. "En renvoyant la question de l'avortement aux Etats et au peuple, la Cour suprême a réparé une erreur historique", s'est félicité sur Twitter l'ancien vice-président Mike Pence, ancien bras droit de Donald Trump à la Maison Blanche. Maintenant que le célèbre arrêt qui garantissait ce droit depuis près de cinquante ans au niveau fédéral a été "jeté aux oubliettes de l'Histoire, une nouvelle arène s'ouvre", a ajouté ce républicain.
Les "libertés fondamentales attaquées" pour Barack Obama. "Aujourd'hui, la Cour suprême a non seulement renversé près de cinquante ans de précédent historique, elle laisse également au bon vouloir des politiciens et idéologues la décision la plus personnelle qui soit", a déclaré l'ancien président démocrate Barack Obama sur Twitter, accusant la haute juridiction d'avoir "attaqué les libertés fondamentales de millions d'Américaines".
Manifestations
En soutien au droit à l’avortement, de nombreux américains sont descendus dans les rues :
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