Débat: Qu'est-ce que le "populisme" ?
Vous trouverez ci-dessous trois visions du populisme. Entrez dans le débat...
"Populisme", ce mot-marionnette...
Suite à l'article de Mediapart...
Le populisme est à prendre à sa racine « Peuple ». Ainsi comme le mot Taylorisme de Taylor et qui signifie « travail à la chaîne », le mot « populisme » définie une extension du peuple, il désigne tout ce qui tourne autour du peuple, mais pas de manière péjorative. Le mot « peuple » suffit à lui-même, chez les bourgeois, il représente la bassesse, économique, sociale, intellectuelle… chez les gens concernés, c’est au contraire l’unité et la fierté. Dans ce contexte, ce seul mot signifie tout et son contraire. Dans son extension, le « Populisme » dévoile chez les bourgeois « les idées du peuple », qui sont normalement des idées de protection, de solidarité, de défense d’intérêts simples : vivre dans la décence ; ces idées qui ne leur plaisent pas, car sources de révolte.
En quelque sorte, il existe deux populismes. Mais si ce mot paraît dans les médias comme définissant le racisme, la xénophobie… idées extrêmes… c’est tout bonnement car les médias sont détenus par les élites, ceux le prononçant y faisant parti. Quant au gens en bas de l’échelle sociale, ont-ils déjà débattu dans les médias ? Non… Dommage vous y trouverez dans leurs paroles une toute autre vision du populisme.
En occurrence, le populisme est devenu péjoratif car davantage employé dans la bouche de bourgeois politiques, journalistes, et entrepreneurs, ce qui prouve parfaitement la manipulation en marche.
Je ne pense pas qu’il faille renvoyer ce mot au racisme, ou l’élitisme, qui possède lui-aussi deux définitions selon chez qui l’on se place, l’est tout autant. La seule chose qui les différencie, c’est que l’élite est internationale, que leurs intérêts se trouvent être la mondialisation, alors que le combat du peuple est à sa porte.
La mondialisation galopante accentue les problèmes du peuple qui a davantage tendance à se replier sur soi, ce qui creuse la différence entre les deux populismes, donc les idées des classes. Quand les élites voient dans leur mire davantage de profits, le peuple, lui, y voit une plus grande injustice. Mais cette injustice n’a rien de raciale, les plus pauvres souhaitent simplement que leurs dirigeants les protègent, ils manifestent donc, ils s’impatientent, ce qui énerve l’autre bord, aveuglé par leur pouvoir et leur maintien de condition de vie, et qui ne trouvent rien d’autres pour leur défense que de jouer sur les mots (comme d’habitude), et ont inséré dans le populisme des idées extrémistes qui se répandent aisément dans les médias sous contrôle.
Que je sache, dans le peuple, on trouve des français ET des immigrés dont leurs désirs sont analogues : se battre pour vivre décemment. Evidemment, les élites se sont accaparés de cette situation encore nouvelle, ils ont ouvert un clivage dans le clivage, diviser pour mieux régner, surtout en temps de crise et dans un contexte géopolitique tendue avec le monde arabe, ils ont créé au sein même du peuple, le racisme religieux, qui n’a strictement rien à voir avec le « populisme » qui je le répète signifie « l’ensemble des idées du peuple ».
Si l’on en arrive là, c’est évidemment car la situation économique augure d’une révolte populaire.
Le « populisme » est un mot-marionnette dans lequel il ne faut pas lire de la haine, mais un jouet désespéré de l'élite en temps de fronde populaire naissante.
Ghisham Doyle pour WikiStrike
'POPULISME' SELON LE RACISME DE CLASSE DU CHAMP MEDIATICO-POLITIQUE
« Il faut parfois retirer de la langue une expression et la donner à nettoyer pour pouvoir ensuite la remettre en circulation », disait Wittgenstein.
Objet de débats récurrents au sein du champ des sciences sociales et d’une extension indéfinie de ses usages dans le champ politique (et en science politique), la notion de « populisme » s’est aujourd’hui banalisée sur la scène politico-médiatique où elle fait office d’insulte omnibus, dénonçant la préfiguration d’un « fascisme » virtuel. Or, si elle dénote clairement une intention de stigmatisation chez ceux qui l’emploient, il est beaucoup plus difficile de cerner ce qu’elle vise. On essaiera de montrer qu’elle peut, dans certains cas, dénoncer le racisme (lorsqu’elle s’adresse, par exemple, au Front national), mais qu’elle peut aussi, dans d’autres cas, procéder elle-même d’un « racisme de classe » qui s’ignore(lorsqu’elle vise, par exemple, le Front de Gauche).
DU 'POPULISME' EN SCIENCES SOCIALES
Dans le lexique des sciences sociales, « populisme » côtoie « relativisme », « légitimisme », « misérabilisme », « ethnocentrisme », « racisme de classe », etc.
Attentif à la « diversité » et ouvert à « l’altérité », le « relativisme culturel », popularisé en France par Claude Lévi-Strauss, invitait à se défaire d’un ethnocentrisme spontané et à décrire, sans céder aux pièges de l’évolutionnisme, les cultures « autres ». Mais peut-on, s’agissant de « cultures populaires », les faire « bénéficier » de ce traitement des « cultures lointaines » et les décrire comme un univers autonome ?
Le « populisme », soutenu par une intention politique de réhabilitation du « populaire », applique ainsi le « relativisme culturel » à l’étude des cultures populaires (Volkskunde ouProletkult). Oubliant (ou occultant) les effets qu’exercent les rapports de domination, il crédite les « cultures populaires » d’une forme d’autonomie, sinon d’autarcie, symbolique. Face à la domination, il célèbre leur « résistance ». De façon générale, il leur attribue une forme d’excellence et,inversant les valeurs dominantes, il tend à « proclamer l’excellence du vulgaire ».
À l’inverse, le rappel à l’ordre de la domination et de la légitimité culturelle oblige à constater que « l’adaptation à une position dominée implique une forme d’acceptation de la domination », « une forme de reconnaissance des valeurs dominantes ». En témoignent, par exemple, le sentiment de l’incompétence (en particulier, en matière politique) et de l’indignité culturelle ou encore l’acquisition de substituts au rabais, de « simili » par les classes dominées.
Mais la théorie de la légitimité culturelle peut elle-même dériver vers le « légitimisme » en méconnaissant les possibilités d’ambivalence, d’oscillation, de « quant à soi », de repli dans un « entre-soi » protecteur, voire de résistance à la domination symbolique. Radicalisé, le légitimisme conduit au « misérabilisme » qui « n’a plus qu’à décompter d’un air navré toutes les différences comme autant de manques, toutes les altérités comme autant de moindre-être – que ce soit sur le ton du récitatif élitiste ou sur celui du paternalisme ». C’est ainsi qu’en définitive, Bourdieu remarquait que, victimes de leur ethnocentrisme, les descriptions des classes populaires « balancent presque toujours entre le misérabilisme et l’exaltation millénariste ».
Enfin, le « racisme de classe », qui renvoie les classes populaires à l’ « inculture », à la « nature », à la « barbarie », dérive d’un ethnocentrisme fondé sur la « certitude propre à une classe de monopoliser la définition culturelle de l’être humain et donc des hommes qui méritent pleinement d’être reconnus comme tels ».
Plus spécifiquement, le « racisme de l’intelligence » est, selon Bourdieu, « la forme de sociodicée caractéristique d’une classe dominante [qu’elle revendique en se baptisant « élite »] dont le pouvoir repose en partie sur la possession de titres qui, comme les titres scolaires, sont censés être des garanties d’intelligence et qui ont pris la place, dans beaucoup de sociétés, et pour l’accès même aux positions de pouvoir économique, des titres anciens comme les titres de propriété et les titres de noblesse ».
DU POPULISME EN POLITIQUE
L’histoire des usages politiques du mot « populisme » – du « boulangisme » au « populisme russe » (Narodniki) de la seconde moitié du xixe siècle, des populismes latino-américains au maccarthysme, du poujadisme au lepénisme, de Poutine à Chavez – révèle l’étendue du spectre qu’ils recouvrent. Il est vrai que la notion de « populisme » est susceptible d’une extension indéfinie dans la mesure où « l’appel au peuple » qu’elle sous-tend est inhérent à la démocratie (« gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple »). De même que « populisme » est formé sur la racine latine populus (peuple), « démocratie » est formé sur la racine grecque dêmos (peuple). Le « peuple » auquel fait référence la démocratie est le corps civique dans son ensemble, le « peuple-nation ». D’où une dérive toujours possible vers le « nationalisme » (sous sa forme contemporaine , il exalte « la compétitivité de la France dans un monde globalisé »).
Les deux « peuples » des « populismes »
Quant au « peuple » auquel s’adressent les dits « populismes », il correspond à deux définitions distinctes.
Dans l’une, le peuple est ethnos (plutôt que dêmos) : « peuple envahi » ou menacé d’envahissement, il s’oppose à l’étranger et à l’immigré. Plus ou moins ouvertement xénophobe/raciste et, aujourd’hui en France, « anti-arabe » (ou « islamophobe »), ce genre de « populisme » défend « l’identité » du « peuple-ethnos » (supposé culturellement « intact » et « homogène ») contre des populations « inassimilables » « issues de l’immigration » et se présente comme « national ».
Dans l’autre, le peuple désigne, si l’on peut dire, le « peuple populaire », le « petit peuple », le « peuple-plèbe », « ceux d’en bas » (sinon « les gens ») : il s’oppose à « ceux d’en haut », à la bourgeoisie, aux classes dominantes, à l’ « establishment », aux « privilégiés », aux « élites », c’est-à-dire aux « happy few » qui détiennent le pouvoir dans différents champs (économique, politique, médiatique, etc.).
Quant à la question de l’extension prêtée à ce « peuple populaire », si « la classe ouvrière » en a longtemps été le centre, « l’avant-garde » (le « populisme » devient alors « ouvriérisme »), il inclut, en général, les employés et, au-delà, une fraction plus ou moins étendue de la paysannerie et de la petite-bourgeoisie (enseignants, personnels de santé, techniciens, ingénieurs, etc.) : « Nous sommes le parti du peuple », disait Maurice Thorez le 15 mai 1936 (avant d’être celui des « gens » selon Robert Hue). Ce genre de « populisme », d’inspiration plus ou moins marxiste, qui défend les classes populaires exploitées, opprimées, dominées, contre les classes dominantes, se présente, en général, comme « socialiste ».
Reste qu’on ne voit pas très bien quel intérêt – « scientifique » s’entend – il peut y avoir à confondre, en les rassemblant sous un même label – « populisme » :
- les appels au peuple « racialisé » (« populisme national ») et,
- les appels au « peuple populaire » (« populisme socialiste »).
Les deux « peuples » des « populismes populaires »
La confusion entretenue ne s’arrête pas là. Les visions du peuple qui soutiennent les appels au « peuple populaire » et celles qui sous-tendent leur dénonciation, sont, elles aussi, diamétralement opposées.
Ceux qui, au sein du champ politique, revendiquent ce « populisme populaire » cultivent – vraisemblablement, par conviction et par nécessité une vision « enchantée » (parfois « esthétisante ») d’un peuple « idéalisé », « mythifié », prêtent à « l’homme ordinaire », « l’homme du commun », « l’homme sans qualités » (« majorité silencieuse » ou « France profonde »), travailleur exploité et dominé, « une « revendication d’égalité » indissociable de l’ethospopulaire traditionnel, un ensemble de vertus – solidarité, authenticité, naturel, simplicité, honnêteté, bon sens, lucidité, sinon sagesse – qui s’apparentent à la « common decency » de Georges Orwell, et, souvent aussi, une vocation messianique (« Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! ») qu’annonce une résistance protéiforme et que soutiennent courage, abnégation, solidarité, etc. À l’inverse, ceux qui, au sein du champ médiatico-politique, entendent dénoncer ce « populisme populaire », le stigmatisent aujourd’hui en l’étiquetant « populiste », l’assimilant ainsi au « populisme national » du FN.
Le procédé semble avoir été remis au goût du jour pour discréditer, non seulement les militants – droite et gauche confondues – qui firent campagne pour le « Non au TCE », mais aussi « le peuple » qui avait mal voté. Le « racisme de classe » ordinaire pouvait ainsi se donner libre cours en créditant ce « peuple mal votant » (implicitement réduit à l’état de « populace ») d’une « fermeture », d’une xénophobie, sinon d’un racisme dont témoignait son vote « anti-européen », d’un ressentiment de « mauvais élèves » et/ou d’anti-intellectualisme contre « les élites » (qu’atteste son bas niveau de diplôme) et d’une « inculture politique » (ses « pulsions », sa « crédulité », son « irrationalité » le rendent disponible aux solutions « simplistes ») qui en fait la proie facile des « démagogues » et de leaders charismatiques (attribuant, a contrario, aux « élites » ouverture, intelligence et supériorité morale).
En définitive, ce qui est stigmatisé dans ce genre de dénonciation du « populisme », c’est – renouant ainsi avec Hippolyte Taine et Gustave Le Bon – « le peuple populaire » qui s’en prend aux « élites ».
De sorte qu’aujourd’hui comme hier, deux représentations diamétralement opposées du « populaire » s’affrontent : « le racisme de classe » des uns sert à dénoncer le « populisme » des autres.
Mais, s’il est vrai qu’il y a de bonnes raisons de critiquer – au nom du réalisme scientifique – ces représentations diamétralement opposées des classes populaires, on voit mal comment le racisme de classe pourrait être au principe d’un rappel à l’ordre démocratique, pas plus d’ailleurs que d’une vision « réaliste » des classes populaires.
Que conclure de cette tentative de clarification ? Dans le cas présent, il semble que la polysémie du label « populiste » l’ait trop dégradé pour qu’il soit récupérable. Mieux vaudrait sans doute s’en passer (au moins dans le champ médiatico-politique)...
Gérard Mauger est sociologue, directeur de recherche au CNRS, directeur-adjoint du Centre de sociologie européenne (CSE).
Source: Mediapart
Le populisme : racisme de classe
Je suis à la fois intéressée par la théorie de Gérard Mauger , mais je voudrais aller encore plus loin car je pense que ce terme recouvre encore plus que ce racisme de classe : l'utilisation du terme populisme est devenu aujourd'hui un véritable mode de manipulation de l'opinion publique .
Et je voudrais utiliser à l'appui de cette théorie , un débat récent entre Daniel Cohn Bendit et Coquerel , secrétaire du Parti de Gauche, discussion du Grand journal le 6 Mars dernier :
http://www.agoravox.tv/actualites/international/article/cohn-bendit-crache-…. Au delà de Chavez , ce que dit Daniel Cohn Bendit mérite de s'y arrêter .
Dans ce débat , Daniel Cohn Bendit part du principe que le populisme n'a que la haine comme moteur .
J'ai envie de lui répondre qu'il lui manque un mot .. et pourtant , si il y a une chose que je ne contesterais jamais à Daniel Cohn Bendit, c'est sa science linquistique ..
Oui , le populisme est une expression de haine et de colère .. devant les mensonges , les promesses non tenues , les dénis de démocratie auxquels nous sommes constamment confrontés ..
Il manquait juste le mot "mensonge" à la démonstration de DCB .. Le bon sens populaire n'aime pas l'enfumage .. et quand il se fait enfumer, il se met en colère . Cela n'a rien à voir avec la haine de l'autre .. mais c'est juste de la colère devant des mensonges répétés, des promesses non tenues .
La colère populaire est-elle l'expression d'un racisme de classe .. Non je pense que c'est juste de la colère devant cette impression de s'être fait berner et que cela touche toutes les classes de la société .
Par contre , la logique binaire du "bon et du méchant" , qui permet de désigner un bouc émissaire , auteur de tous les maux entraine quelque chose de beaucoup plus dérangeant .. La colère n'est pas bonne conseillère , elle empêche de réfléchir et de prendre du recul.
En désignant un bouc émissaire à la colère populaire , on rend particulièrement simple toutes les manipulations de l'opinion publique : il suffit dans un premier stade de déclencher la colère, puis d'y répondre par le bouc émissaire .
Une fois de plus les vraies raisons , les mensonges , les dénis de démocratie , passeront au second plan . On s'occupera du bouc émissaire avant de s'occuper du fond .. par simple colère , colère en train de devenir d'autant plus légitime que les générations futures sont sacrifiées et que l'humain est ainsi fait qu'il cherche toujours à protéger ses petits, avant même de se protéger lui même .
Voilà , j'ai répondu avec mes mots à Monsieur Mauger .. Mais je pense que le terme populisme n'est que l'expression d'une véritable manipulation de l'opinion publique , d'autant plus facile à faire si l'on s'arrête à la logique binaire du racisme de classe : le bon et le méchant .. La réalité est de mon point de vue plus complexe .
Et je préfère les théories confucéennes pour qui le "conformisme de la pensée est le propre de la médiocrité ".
Le bon sens populaire n'est pas du conformisme , c'est juste du bon sens .. Et il faut savoir penser autrement et sortir de la pensée politiquement correcte , sortir du consensus , comportement tellement "incivil" au sens médiatique actuel qu'il est systématiquement diabolisé car effectivement , il est dangereux , il pourrait donner aux gens envie de réfléchir et de ne pas prendre pour cible de leur colère les boucs émissaires pré-désignés .
"Le roi est nu" ou les habits neufs de l'empereur sont l'expression de ce bon sens par la voix d'un enfant ..
Conte d'Andersen publié en 1837 ..
Citation: |
Seul un petit garçon osa dire la vérité : « Mais il n’a pas d’habit du tout ! ». [ou dans une traduction plus habituelle : « le roi est nu ! »]. Et tout le monde lui donna raison. L’empereur comprit que son peuple avait raison, mais continua sa marche sans dire un mot. |