Hollande annonce 20 milliards de hausses d'impôts pour 2013
Le chef de l'Etat s'est donné deux ans pour «redresser la France» et a détaillé plusieurs mesures fiscales lors du JT de 20h de TF1, dimanche soir...
Le plus important effort depuis 30 ans. Le président de la République avait annoncé la couleur dès vendredi. Après son intervention de vingt-cinq minutes, dimanche soir sur TF1, les Français savent désormais à quoi s’attendre pour 2013.
Alors que sa cote de confiance s’effrite, seulement quatre mois après son arrivée à l’Elysée, François Hollande a présenté la facture. «L'agenda du redressement, c'est 2014», a-t-il annoncé en se donnant deux ans pour «redresser la France». Sur la base d’une croissance inférieure à 1%, sans doute 0,8%, selon ce qu'a avancé le chef de l'Etat, ce seront donc 20 milliards d’impôts nouveaux l’an prochain, partagés à part égale entre les ménages et les entreprises, afin de respecter l’engagement de ramener à 3% le déficit budgétaire.
De son côté, l’Etat économisera 10 milliards d’euros. Seuls les ministères de l’Education, de l’Intérieur et de la Justice échapperont à cette austérité qui ne dit pas son nom. Totalisant, 30 milliards d’euros, l’addition présentée par le locataire de l’Elysée représente environ 1,5% de la richesse nationale.
La taxe à 75% durera au moins deux ans
Les grandes entreprises et les ménages les plus aisés seront particulièrement touchés avec la fin de niches fiscales accordées par la précédente majorité et l’instauration d’une nouvelle tranche d’imposition à 45% et d’une taxe exceptionnelle à 75%, qui durera au moins deux ans, pour tous les revenus supérieurs à un million d’euros. Les sportifs et les acteurs ne seront donc pas épargnés. Deux à trois mille ménages seraient ainsi concernés.
Revenant sur la décision de Bernard Arnault, opposé à cette taxe, de demander la nationalité belge, le président, appelant au patriotisme dans «l’effort de redressement», a estimé qu’il «aurait dû bien mesurer ce que signifie demander une autre nationalité». Mais il a ensuite salué l'annonce du patron de LVMH de rester résident fiscal en France, notant que celui-ci «a dit lui-même qu'il prendrait sa part, qu'il donnerait sa contribution. Ce n'est pas la mesure des 75% qui est en cause et ceux qui ont voulu en faire une polémique en sont pour leurs frais.»
Revenus du capital taxés comme ceux du travail
François Hollande a par ailleurs annoncé que les revenus du capital seraient taxés comme ceux du travail. De 19 à 24%, selon les cas, le prélèvement atteindra jusqu’à 45%. Mais les classes moyennes ne seront pas épargnées.
Et, contrairement à un engagement de campagne, il a annoncé qu'il allait poursuivre le gel du barème de l’impôt sur le revenu (IR) qui a rapporté 1,7 milliard d’euros aux caisses de l’Etat en 2012. Concrètement, les tranches ne seront plus indexées sur l’inflation, sauf pour les deux premières, afin d’éviter à des milliers de ménages précaires, dont les revenus sont revalorisés, d’acquitter cet impôt.
Concernant les heures supplémentaires, François Hollande a indiqué que les exonérations de cotisations sociales seraient maintenues dans les entreprises de moins de 20 salariés.
La main aux partenaires sociaux sur la réforme du travail
Le chef de l'Etat n'a enfin pas exclu l'idée d'une hausse de la CSG, et évoqué des «prélèvements écologiques» afin de trouver des ressources «qui puissent se substituer aux prélèvements sur le travail». Il a également donné aux partenaires sociaux jusqu'à la fin de l'année pour trouver un «compromis historique» sur la réforme du travail. Sinon, a-t-il dit, «l'Etat prendra ses responsabilités».
Tous les détails des mesures annoncées par le chef de l'Etat seront connus le 26 septembre lors de la présentation du projet de loi de Finances 2013 (PLF) au Conseil des ministres.
20minutes