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Publié par wikistrike.com

Jean Luc Godard a filmé la fin de l’Europe sur le Costa Concordia

 

Par une étrange ruse du destin, le cinéaste Jean Luc Godard a filmé la fin de l’Europe sur le Costa Concordia, le navire qui a fait naufrage ce weekend. Dans « film socialisme » présenté à Cannes en 2010, on voit de très beaux plans du paquebot, qui file dans la nuit vers un destin inconnu. 

 

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"Film socialisme" JL .Godard

 

Je vous rassure tout de suite, je ne vais pas vous faire une analyse cinéphilique, nous serions vite « à bout de souffle ». Mais cette coïncidence a quelque chose d’intriguant. Voilà Jean Luc Godard qui filme une sorte de poème un peu obscur sur le cinéma et la fin de l’Europe, en de multiples lieux symboliques, comme la Grèce, Odessa, Naples, Barcelone, la Palestine, L’Egypte. Les berceaux de notre histoire, de l’antique au monde moderne, avec voguant dans la méditerranée ce paquebot qui désormais a fait naufrage.

 

Un film prémonitoire ?

 

 Alors rêve prémonitoire, métaphore d’une Europe qui s’enfonce lentement dans le déclin comme le Costa Concordia, couché sur le flanc, éventré par un rocher. Les clichés sont presque trop évidents, la croisière s’amuse pendant que le monde court à sa perte. Je ne sais pas pourquoi, dés qu’on regarde un paquebot, le regard s’arrête sur les chaloupes de sauvetage, parfois on les compte, et alors on pense au Titanic. Comme si les paquebots étaient dans notre imaginaire à la fois synonyme de luxe, de fête et de naufrage.

 

Le déshonneur d’un capitaine.

 

 On peut pousser plus loin la métaphore avec ce capitaine qui abandonne le navire alors qu’il y a toujours des passagers à bord. Ce capitaine, engueulé au téléphone par le chef des gardes côtes qui lui ordonne de remonter à bord, et qui pourtant n’y retourne pas. Nous vivons un temps où les capitaines désertent, le commandant du Titanic, lui a coulé avec son navire…et pourtant l’avenir ne s’annonçait pas plus rose, en 1912, la guerre de 14 s’annonçait déjà.

 

L’ouverture emblématique du JT.

 

Il y quelque chose de spectaculaire et d’angoissant de voir depuis plusieurs jours les journaux télévisés diffuser en ouverture, l’image de ce bateau échoué, de ce géant vaincu. On passe ensuite aux autres sujets, et l’on nous explique que c’est la crise, qu’on en a pour dix ans, qu’il va falloir endurer des mesures d’austérité, se serrer la ceinture, souffrir quoi. Avec toujours en tête cette image du paquebot naufragé, en surimpression, par une sorte de permanence rétinienne.

 

Qui est à la barre ?

 

Mesdames messieurs bonjour, en Europe aujourd’hui c’est le naufrage. Mais ne vous inquiétez pas nous avons la situation bien en main !

Des fois je me demande si les capitaines ne vont pas un jour abandonner le navire. Et cette fois, il n’y aura pas d’officier italien pour leur crier de remonter à bord.

Cet accident nous incite tous à la réflexion sur notre époque. Comme dit un personnage de Godard, dans ce film tourné sur le Costa Concordia : «Je ne veux pas mourir sans avoir revu l’Europe heureuse.

 

Par Christophe Giltay - 2012unnouveauparadigme

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